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Alexandre DUMAS "Naïs et Chloé" Poème saphique autographe inédit signé d'Alexandre Dumas

8 000 €

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Alexandre DUMAS

"Naïs et Chloé" Poème saphique autographe inédit signé d'Alexandre Dumas

s.d. (circa 1860), 20,6x27,6cm, un feuillet remplié.


Poème manuscrit autographe signé d'Alexandre Dumas portant le titre "Naïs et Chloé", 84 vers à l'encre noire sur feuillet remplié bleu. 
Quelques infimes déchirures sans manque de texte dues aux pliure inhérentes à la mise sous pli. 
Le poème autographe est présenté sous une chemise en demi maroquin vert sapin, plats de papier marbré, contreplats doublés d'agneau vert, étui bordé du même maroquin, ensemble signé Goy & Vilaine. 
Rarissime manuscrit d'un long poème inédit retraçant les amours de Naïs et Chloé et dont l'écriture est régie par l'admiration et l'hommage qu'Alexandre Dumas rend à l'une des plus grandes figures de la poésie antique, Sappho.
Romancier prolifique, Dumas s'est rarement essayé au genre poétique, « Naïs et Chloé », par sa longueur, constituant un hapax dans la production littéraire de l'écrivain. Le texte demeure inédit à ce jour et se trouve ici enrichi de l'élégante calligraphie de son auteur. Le poème est constitué de 21 quatrains parmi lesquels se distingue une remarquable insertion des vers les plus célèbres de Sappho, « à la femme aimée », dont le titre est conservé dans le corps même du texte. Cet enchâssement participe de la verve avec laquelle Dumas défend la force poétique et évocatrice de l'écriture de Sappho qu'il élève au rang d'« étoile du monde » de la Poésie :
« Il est au sein des mers s'appuyant à l'Asie
Entre l'heureuse Smyrne et la sombre Lemnos 
Une île aux bois fleuris chers à la Poésie
A qui Venus donna le doux nom de Lesbos.
 
Quand du chantre divin la voix fut étouffée
Que du nom d'Euridice elle eut frappé l'écho
Le flot roula tête et la lyre d'Orphée
Sur la rive où plus tard devait naître Sapho
Sapho naquit la lyre en ses mains fut remise
Les sons qu'elle en tira jusqu'à nous sont venus »
Traduits par les soins consciencieux de l'auteur, le poème emprunté à Sappho, où émerge le vers le plus célèbre, "Celui-là, je le dis, il est l'égal des dieux",  se retrouve en plusieurs endroits de l'œuvre de Dumas, notamment dans le chapitre intitulé « les vers saphiques » de la San Felice et dans un recueil d'articles dédié aux grandes figures féminines où elle siège parmi Jeanne d'Arc et Marguerite d'Anjou. Il s'agit pour Dumas de demeurer fidèle aux vers écrits et de leur rendre leur sensualité, souvent estompée par les traducteurs antérieurs : « Les traductions de ces deux poëtes […] nous paraissent non seulement manquer de couleur antique mais insuffisantes comme ardeur lesbienne » (Les étoiles du monde, Galerie historique des femmes les plus célèbres de tous les temps et de tous les pays)  Par-delà la traduction qu'il propose, Dumas s'imprègne de la plume lyrique de Sappho sans se défaire de sa propre veine romanesque et peint les amours saphiques de Naïs et Chloé sous un jour érotique :
« Oh seule palpitante, échevelée et nue
Une main sur ma gorge et l'autre… Oh ma Naïs
Serre moi dans tes bras et sois la bien venue
Car à force d'amour… tiens… tiens je te trahis
 
Et l'on n'entendit plus alors dans la nuit sombre
Que le bruit des baisers répétés par l'écho
Car Nais et Cloé se taisaient et dans l'ombre
Clinias s'enfuyait en maudissant Sapho »
Le poème s'inscrit dans la continuité de l'intérêt que les auteurs de la fin du XIXe siècle portent au saphisme et au personnage-lecteur voyeur, ici incarné par Clinias, et dont la plus célèbre occurrence demeure la Nana de Zola
Exceptionnel et long poème autographe saphique d'Alexandre Dumas. 

8 000 €

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