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Autographe, Edition Originale

Louis-Ferdinand CELINE 34 Feuillets autographes signés - Ensemble de manuscrits de travail pour les Entretiens avec le Professeur Y

17 000 €

Réf : 83743

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Louis-Ferdinand CELINE

34 Feuillets autographes signés - Ensemble de manuscrits de travail pour les Entretiens avec le Professeur Y

s.l. [Meudon] s.d. [1954], divers (de 10x21 cm à 27x21 cm), 34 feuillets.


| L'Ars Poetica de Céline : « Je capture toute l'émotion de la surface ! je la fourre dans mon métro ! » |
*

 


Manuscrit autographe de Louis-Ferdinand Céline, constitué de 34 feuil­lets de formats divers, rédigés au stylo bille bleu et parfois au stylo bille rose. Certains feuillets comportent en haut à gauche, de la main de Céline, un numéro. Le feuillet numéroté 159, correspondant à la fin du texte, présente en bas de page la signature de l'écrivain.
Deux feuillets contiennent des pas­sages inédits, le premier de quelques lignes évoque le Professeur, le second, numéroté 136 présente au verso un autre texte à pleine page, que nous n'avons pas trouvé dans le Professeur Y ni dans le reste du corpus célinien. Céline y évoque l'ar­ticle 75 du Code pénal qui condamne à la peine capitale tout citoyen français recon­nu coupable d'intelligence avec l'ennemi, ainsi qu'un certain « Me Johann Niels Borggensen », sans doute un pseudonyme pour son avocat Thorvald Mikkelsen :



« soi-disant pour me protéger des curiosités policières ! la vache ! il se régalait... quand vous avez le man­dat au cul (barré : l'article 75) n'im­porte qui fait de vous ce qu'il veut ! la bonne blague ! on fait de vous ce qu'on veut...c'aurait pas été Borg­gensen un autre aurait peut-être été pire... donnez-moi l'article 75, je vous fais rentrer toute la France dans un trou de Souris ! et l'Alle­magne avec ! et l'Angloisterre si bêcheuse et l'Europe avec ! pas de bombe qui tienne ! H ! Y ! Z ! Je vous ferais rentrer l'atome dans un... »



La première partie de Féerie pour une autre fois n'ayant pas remporté le succès escomp­té, Céline souhaita encadrer la sortie de la seconde – Normance – d'un maximum de publicité et redorer son blason après ses années d'exil en Allemagne et au Dane­mark. Souhaitant se détacher de la forme solennelle du prière d'insérer, il propose à Gaston Gallimard cet éloge rédigé à la manière d'une interview imaginaire entre lui-même et le Professeur Y alias Colonel Réséda, vieillard prostatique. Le texte de cette loufoque « interviouwe » sera publié en plusieurs parties dans la Nouvelle Revue française en 1954 avant de paraître en vo­lume en 1955. L'écrivain y parle avec fer­veur de son style, de sa conception de la littérature et critique avec véhémence le monde des lettres et les goûts du public. La genèse de l'écriture de ce texte, contrairement aux autres oeuvres de Céline, est très peu documentée et les manuscrits des Entretiens, texte capital pour la compréhension de l'oeuvre célinienne, sont rares. L'édi­tion des romans de Céline à la Pléiade ne donne en effet que quelques pages d'une version antérieure à la nôtre, cette der­nière étant très proche de la version défi­nitive du texte.
Notre ensemble, couvrant de nombreux passages du texte, est à la fois constitué de feuillets très raturés et de papillons de « mise au propre », témoigne des dif­férentes étapes de travail de l'écrivain : rédaction d'un feuillet initial, ratures et réécritures sur cette même page, puis re­transcription de courts passages sur des papillons à part. Le feuillet correspon­dant à la fin du texte est ainsi abon­damment raturé et réécrit et laisse paraître une version légèrement différente de la publication.
Les feuillets contiennent en outre la fa­meuse métaphore du métro, emblème du style émotif célinien que l'écrivain oppose au « langage sec » de ses pairs :



« Vous avez vu ? Vous avez remarqué ? Tout embarqué dans mon métro !... qu'est-ce que je lui laisse à la surface ? la plus pire drouille du cinéma !... les langues étrangères donc !... les traductions !... retraductions de nos pires navets qu'ils emploient pour leurs « parlants », superbes les langues étrangères !... en plus de la psychologie ! le pataquès psychologique !... toute la chierie. [...] Moi c'est autre chose ! moi, je suis autrement plus brutal ! moi je cap­ture toute l'émotion !... tout l'émotion de la surface ! d'un seul coup ! je décide ! je la fourre dans le métro ! mon métro ! tous les autres écrivains sont morts ! et ils s'en doutent pas ! »



Important ensemble de manuscrits de travail, témoignage de la rédac­tion des Entretiens avec le Professeur Y, vé­ritable ars poetica de Céline.
 


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