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Albert CAMUS & (Mouloud FERAOUN) Correspondance inédite complète de Camus à son ami Mouloud Feraoun : « Je me suis pris à espérer dans un avenir plus vrai, je veux dire un avenir où nous ne serons séparés ni par l'injustice ni par la justice »

Albert CAMUS & (Mouloud FERAOUN)

Correspondance inédite complète de Camus à son ami Mouloud Feraoun : « Je me suis pris à espérer dans un avenir plus vrai, je veux dire un avenir où nous ne serons séparés ni par l'injustice ni par la justice »

Paris 1951-1958, 13,6x21,3cm, 4 feuillets.


Correspondance inédite complète constituée de quatre lettres autographes – dont 3 signées – d'Albert Camus adressées à son ami Mouloud Feraoun, toutes rédigées sur papier à en-tête de la Nrf à l'encre noire ou bleue. Chaque lettre présente une pliure centrale inhérente à la mise sous pli du courrier. 19 lignes, 27 lignes, 34 lignes et 13 lignes. On joint deux retirages photographiques des années 1980 représentant Camus posant aux côtés de Feraoun lors de son séjour à Alger en avril 1958.
L'échange épistolaire entre Mouloud Feraoun et Albert Camus n'était connu jusqu'à aujourd'hui qu'à travers la publication des lettres adressées à Camus par son alter ego kabyle et publiées sept ans après la disparition de Feraoun. Seule la première réponse de Camus a été éditée.
Cette relation entre les deux intellectuels se limite à sept lettres (trois de Feraoun et quatre de Camus), un télégramme, une lettre ouverte et une après-midi passée ensemble dans les rues d'Alger.
Pourtant, hormis le télégramme dont le contenu littéral nous est inconnu, chaque échange fut essentiel, non seulement pour les deux hommes mais pour la compréhension de la tragédie franco-algérienne.
« Cher Monsieur », « Cher Feraoun », « Cher ami » ...
Entre la première lettre de remerciements, en 1951, d'un modeste instituteur kabyle qui aspire à l'écriture, et l'ultime lettre ouverte, en 1958, du grand écrivain algérien qui se revendique toujours instituteur, une amitié est née ; mais une amitié paradoxale, traversée par l'embrasement des passions contraires et la guerre sans nom qui brisera Camus et sacrifiera Feraoun, assassiné par l'OAS quatre jours avant les accords d'Evian.
Les lettres de Feraoun sont passionnantes, d'une formidable honnêteté intellectuelle et sans concession vis-à-vis de leur destinataire prestigieux pour lequel le jeune écrivain algérien éprouve cependant une très grande admiration. Elles témoignent de l'éveil de la conscience historique du peuple algérien et des prémices d'une identité culturelle nouvelle s'affirmant face à la violence coloniale.
Pionnier de la nouvelle littérature francophone nord-africaine, Mouloud Feraoun deviendra l'un des écrivains majeurs de la nation algérienne naissante. Ses lettres reflètent son difficile et nécessaire affranchissement de la domination culturelle et idéologique d'une France qu'il admire pourtant et à laquelle il doit son éducation et sa langue littéraire. Et les réponses lumineuses de Camus qui nous étaient jusqu'alors inconnues, se révèlent être pour le jeune auteur un formidable encouragement, loin des positions attentistes dont on a injustement accusé l'écrivain algérois.
 
Confronté à la violence des événements, on sait que Camus, pressé par tous de prendre position, choisit le silence, seule attitude digne selon lui face au déchaînement de haines. Feraoun le reconnaîtra lui-même : « Le fait qu'il se soit cantonné dans ce silence est une marque de sympathie, sinon plus, pour nous. »
Cependant, ce que Camus affronte à la lecture des lettres de Feraoun, n'est ni de la haine ni une ardente revendication. Au contraire, l'instituteur – on connaît l'importance de la figure du maître d'école pour Camus – est un être d'une intelligence calme et bienveillante, qui parle la même langue que lui, celle de l'universalité de la littérature. Et les mots de ce frère d'âme sont à la fois dignes de l'humanisme dont se réclame Camus et témoins à charge de la terrible culpabilité dont il hérite.
En 1951, trois ans avant la guerre mais six ans après les massacres de Sétif, Camus se voit reprocher par ce jeune écrivain prometteur l'absence de la communauté arabe dans son nouveau roman, La Peste, comme si « Oran [n'était] qu'une banale préfecture française ». « Oh ce n'est pas un reproche », précise son interlocuteur « j'ai pensé simplement que, s'il n'y avait pas ce fossé entre nous, vous nous auriez mieux connus, vous vous seriez senti capable de parler de nous avec la même générosité dont bénéficient tous les autres. »
C'est bien plus qu'un reproche, en réalité, c'est la mise à nu du cœur blanc de Camus, malgré sa pauvreté première, sa pensée universaliste, son implication dans le droit des arabes, ses prises de position dès 1938 en faveur de l'égalité : « Les Kabyles réclament des écoles comme ils réclament du pain... Les Kabyles auront plus d'écoles, le jour où on aura supprimé la barrière artificielle qui sépare l'enseignement européen de l'enseignement indigène, le jour enfin où sur les bancs d'une même école, deux peuples faits pour se comprendre commenceront à se connaître. »
Dans cette première lettre, Feraoun se rappelle cet article d'Alger-républicain, mais il constate en même temps que son auteur n'est pas au-dessus des colons qu'il dénonce. Il reste derrière la barrière et ignore cet autre qu'il ne connaît pas. Il n'y a dans son roman sur l'Algérie aucune communauté algérienne, aucun partage de destin, même tragique. Soixante ans plus tard, Kamel Daoud fera le même constat au sujet de L'Étranger et exposera le paradoxe d'un roman de l'exclusion qui exclut lui-même.
L'affront est terrible car il est vrai. Pourtant Albert Camus ne se défend pas, au contraire, dès la première lettre, il s'offre en toute franchise, comme ne pourra jamais le faire l'homme public qu'il est devenu.
D'abord en affirmant son amour « fraternel » pour le peuple kabyle, rompant ainsi d'emblée avec le paternalisme colonial. Mais surtout en reconnaissant l'absence d'unité de destin franco-arabe : « pour les mettre en scène [les arabes d'Oran], il faut parler du problème qui empoisonne notre vie à tous, en Algérie ; il aurait donc fallu écrire un autre livre que celui que je voulais faire. ». Or cet aveu de l'impossibilité d'introduire dans son univers romanesque un arabe, sans que ce type de personnage ne transforme la fiction radicalement, est la réponse à toutes les critiques qui lui seront faites à l'avenir. Camus est un écrivain de l'archétype, non de la réalité sociale. Non seulement il convient de son impuissance à restituer cette histoire qui est la leur : « Il faut un talent que je ne suis pas sûr d'avoir », mais il remet dans les mains de « l'arabe » le soin de le faire. Ainsi dès ce premier échange, Camus exhorte son jeune interlocuteur à devenir l'écrivain de la condition arabe : « vous l'écrirez [...] parce que vous savez, sans efforts, vous placer au-dessus des haines stupides qui déshonorent notre pays ». Nous sommes en 1951 et Mouloud Feraoun est déjà ami d'Emmanuel Roblès, cependant que Gabriel Audisio a écrit une très belle critique de son premier roman autobiographique Le Fils du Pauvre. Il fait partie déjà de la communauté des intellectuels, mais ce que Camus lui révèle dans cette lettre est que cette communauté ne comblera pas « ce fossé qui s'élargit stupidement ».
Dans sa lettre de 1951, Feraoun confiait à Camus : « si je parvenais un jour à m'exprimer sereinement, je le devrais à [...] vos livres qui m'ont appris à me connaître, puis à découvrir les autres ». La lettre de Camus y ajoute la nécessité de s'atteler à cette tâche que ni lui ni aucun autre « pied-noir » ne peut accomplir.
Six années s'écoulent avant l'échange suivant, la guerre d'Algérie éclate et les hommes de bonne volonté ne peuvent rien face au déchaînement des « haines stupides ».
Feraoun est devenu l'écrivain que Camus avait pressenti. Avec quelques autres, il a donné à son peuple une voix, une histoire, une légitimité culturelle plus puissante qu'aucune violence. Mais cette histoire, il l'a gravée dans la langue de Camus, son frère de lettres et de sang qui vient de recevoir le prix Nobel de Littérature.
Et ce prix est intimement lié à l'histoire algérienne, ce que ne manqueront pas de lui reprocher ses détracteurs de droite comme de gauche. Les conservateurs dénoncent un acte purement politique et une « ingérence dans [les] affaires intérieures » de la France par la célébration d'un dangereux gauchiste (in Carrefour). Les autres, au contraire, se moquent de cette apologie d'un « parfait petit penseur poli », « philosophe de la liberté abstraite ». Il n'est pas question ici de rappeler toutes les preuves d'engagement de Camus durant ces années terribles, ni l'injustice des reproches qui lui sont adressés. S'il en est affecté, Camus connaît ses amis d'hier et ses ennemis de toujours et n'attend sans doute rien de mieux de leur part. Il sait également que son rapport à l'Algérie motive en partie cette prestigieuse attribution. Or, si les réactions des intellectuels de la métropole ne l'étonnent guère, le violent silence de ses pairs arabes le blesse profondément. Seul Feraoun, avec lequel il n'a pourtant aucune correspondance depuis six ans, lui télégraphie immédiatement pour le féliciter.
« Vous êtes le seul des écrivains algériens à avoir pensé que cette nouvelle, dont je n'exagère pas l'importance, pouvait m'atteindre au moment où toute mon angoisse est tournée vers l'Algérie. »
« Touché au cœur », Camus adresse à ce compagnon d'infortune une lettre qui marque la fin des illusions de paix et d'entente entre les deux peuples. « Je suppose que les autres ont consommé en eux-mêmes la séparation dont nous souffrons tous. Et pourtant si, par-dessus les injustices et les crimes, une communauté franco-arabe a existé, c'est bien celle que nous avons formé, nous autres écrivains algériens, dans l'égalité la plus parfaite ».
L'écrivain, qui un an plus tôt tentait d'influer sur la situation hongroise en appelant à l'union des intellectuels, découvre l'absence de communauté artistique transcendant « les injustices et les crimes ». Et ce constat amer, il ne l'adresse pas à un simple membre de la famille, mais à l'initiateur de la communauté franco-arabe, au premier des écrivains algériens francophones et à l'un des derniers qui, comme lui, milite « pour la réconciliation dans la justice que [Camus] souhaite plus que tout au monde. »
En utilisant l'expression « écrivains algériens », Camus rompt clairement avec la position des colonialistes qui refusent de concéder aux arabes d'Algérie le nom d'Algériens « ce qui eût été reconnaître l'existence d'une Algérie sans lien avec les Français, et dont les « Européens » auraient été exclus » (Jacques Duquesne, Histoire de l'islam et des musulmans en France du Moyen Âge à nos jours). Plus qu'une preuve de l'engagement de Camus, auquel on reproche aujourd'hui encore un prétendu attentisme craintif, cette expression partagée avec Mouloud Feraoun est le témoin de la troisième voie que les deux hommes appellent de leurs vœux, une Algérie réunie par son histoire et sa culture commune et non inféodée à une puissance ségrégationniste.
C'est alors que naît véritablement l'amitié entre les deux hommes. La longue réponse que lui adresse Feraoun est empreinte de l'absurdité tragique de leur situation commune mais aussi, incroyable inversion de situation, de l'ascendant que Feraoun prend alors sur son confrère. Face à un Camus désemparé, Feraoun lui apporte « ce sourire imperceptible » et lui promet « qu'en dépit du prix fort et peut-être à cause de cela les hommes de chez nous parviendront à construire ce monde fraternel que vous avez toujours cru possible ».
Quelques mois plus tard, Camus, qui souffrait d'une terrible sécheresse littéraire, s'attelle enfin à l'œuvre qui le tourmente depuis 1953, Le Premier Homme, un « roman d'éducation » qui donnera un rôle central à la figure de l'instituteur.
Lorsque Camus et Feraoun se rencontrent enfin pour la première fois en avril 1958 lors du second et ultime séjour de Camus en Algérie, ce sont deux amis qui se retrouvent et Feraoun est sans doute le seul intellectuel « musulman » qui partage encore avec Camus l'espoir d'un avenir franco-arabe commun.
Les heures qu'ils passent ensemble le 12 avril sont pour tous deux une oasis de fraternité dans un désert d'incompréhensions et de ressentiments. Dans son journal qu'il tiendra jusqu'au jour de son assassinat par l'OAS, Feraoun relate cette après-midi hors du temps : « Je me suis senti avec lui aussi immédiatement à l'aise qu'avec E. Roblès. Sa position sur les événements est celle que je supposais : rien de plus humain. Sa pitié est immense pour ceux qui souffrent mais il sait hélas que la pitié ou l'amour n'ont plus aucun pouvoir sur le mal qui tue, qui démolit, qui voudrait faire table rase et créer un monde nouveau d'où seraient bannis les timorés, les sceptiques et tous les lâches ennemis de la Vérité nouvelle ou de l'Ancienne Vérité rénovée par les mitraillettes, le mépris et la haine. »
Peu de temps après son départ, Feraoun envoie à Camus les photographies prises chez lui avec sa famille et dans son école au côté des élèves. Camus lui adresse en retour une des plus émouvantes lettres sur la tragédie algérienne destinée au seul intellectuel algérien qui aura compris et partagé jusqu'au bout la position humaniste de Camus, au prix de sa vie. La nuit qui a suivi « cette après-midi d'amitié que [Camus n'a] pas oubliée », le fils de Roblès s'est tué à Alger en manipulant l'arme de son père. Pour Camus, cet événement absurde et terrible est imprégné de la malédiction algérienne et les mots de sa lettre évoquent directement sa conversation rapportée par Feraoun : « J'ai mesuré à quel point on pouvait être impuissant devant certains malheurs ».
Mais ce que l'auteur des cycles de l'absurde et de la révolte écrit à Feraoun au sortir de cette après-midi est sans doute la plus honnête et parfaite expression du combat désespéré du philosophe révolté : « Je me suis pris à espérer dans un avenir plus vrai, je veux dire un avenir où nous ne serons séparés ni par l'injustice ni par la justice ».
L'Histoire a aimé retenir la position de Camus faisant passer sa mère avant la Justice, ce qu'il nous apprend ici, c'est que l'Humanisme qu'il prône n'est pas une logique de priorité de l'homme sur la vérité idéologique, mais une vérité définie à l'aune de l'être humain, transcendant les idéologies.
Dans sa première lettre, Feraoun espérait trouver la sérénité nécessaire pour accomplir sa mission littéraire : la reconnaissance de la dignité de son peuple. Sept ans plus tard, au cœur de la tourmente, Camus offre à son ami la plus belle légitimation de son œuvre : « Je voulais vous dire aussi que votre calme, votre courage (car la sérénité devant ce que nous ressentons si fort est une forme de courage) m'ont fait plus de bien à Alger que cent autres rencontres. [...] votre œuvre est de celle qu'on peut lire au paysan de Tolstoï, [...] elle fait du bien, et elle en fera parce qu'il n'y a pas de haine en vous, et que vos révoltes sont généreuses. »
Au lendemain de cette lettre, le putsch d'Alger mettra fin à tous les espoirs de réconciliation.
Septembre 1958, Feraoun a lu Actuelles III, chroniques Algériennes. L'accueil de l'ouvrage est désastreux, l'heure est plus que jamais aux violences verbales et physiques et dans ce monde manichéen, Camus ne représente aucune des factions. Il est devenu un proscrit. Feraoun, lui, dénonce les crimes des deux côtés mais sait que l'indépendance est désormais la seule et imparfaite voie. Dans un climat de haine et de menace de mort, Feraoun prend la plume et publie dans Preuves un remarquable article en réponse à Camus, anonyme mais transparent (« Sachez [...] que je suis un instituteur arabe [...] kabyle et vous avez du même coup toutes les précisions nécessaires »). Certains ont voulu lire dans cet ultime plaidoyer pour « tenter de créer les conditions d'une véritable fraternisation qui n'aurait rien à voir avec celle du 13 mai », une attaque contre son confrère. L'échange épistolaire des deux hommes prouve qu'au contraire, cette lettre ouverte, truffée de références à leur correspondance privée, est l'ultime don d'amitié du grand écrivain algérien, redevenu un instant le modeste instituteur de 1951, à celui qui inspira son œuvre et son combat et qui, à la suite de cet article déclarera publiquement : « Je me sens infiniment plus proche d'un instituteur kabyle que d'un intellectuel parisien. »
Il est plus que probable que Camus ait reconnu l'auteur véritable de Sources de nos communs malheurs. Mais il sait par ailleurs l'immense risque que prend Feraoun en publiant un article qui irrite autant le FLN que le pouvoir colonial. Aussi le remercie-t-il avec la même clandestinité, feignant d'ignorer l'identité du rédacteur : « Vous lirez je l'espère, [...] la lettre d'un instituteur musulman, à moi adressée, et qui m'a beaucoup touché. ».
Cette lettre de Camus est courte et puissante comme le dernier souffle du condamné :
« Je continue d'espérer la réconciliation – et ce moment où notre amitié sera la règle de tous en Algérie ». Vœu presque mystique et souvenir du vain combat qui unit les deux hommes en faveur d'une commune reconnaissance de l'Autre.
A la mort de Camus, Feraoun lui rend un poignant hommage public en lui offrant à son tour ce partage de leur algérianité, envers et contre tous : « Il faut dire que Camus était algérien au sens physique du mot. [...] Nous le considérons comme une gloire algérienne ».
Fidèle à leur exigence d'intégrité et d'indépendance, Feraoun, comme Camus auparavant, refuse toutes les sollicitations de l'État Français dont le prestigieux poste d'ambassadeur que lui offre De Gaulle.
Cependant il répond à l'appel de son amie Germaine Tillion qui fonde les Centres Sociaux Éducatifs avec une équipe franco-arabe. « Il s'agit d'assumer l'écrasante responsabilité qui fait du « savant » un éducateur, du clair voyant un guide ; du docteur un médecin et de l'homme le frère des autres hommes. » (Feraoun, L'instituteur du Bled. – Bulletin des Centres Sociaux éducatifs n°14, 1930)
Plus de vingt ans après la découverte de Camus et de son engagement dans Alger-Républicain, Feraoun applique à la lettre les principes prônés par ce « brave type » qui, malgré sa jeunesse et « sa voix bien faible », « se préoccupait déjà du sort des populations musulmanes, [à l'époque où lui, qui était du même âge, s']exerçait seulement à faire correctement [s]a classe. » (Feraoun, « Sources de nos communs malheurs, Lettre à Albert Camus »).
Le 15 mars 1962, peu après 11 heures, un commando armé de l'OAS pénètre dans les locaux du Centre, à la recherche de sept personnes nommément désignées, dont Mouloud Feraoun. Six de leurs cibles identifiées, le commando conduit les victimes à l'angle du bâtiment où les attendent deux fusils mitrailleurs. Quatre jours après l'« assassinat de Château-Royal », les accords d'Évian scelleront définitivement le sort de l'Algérie, loin des aspirations fraternelles de Camus et de Feraoun et de leurs « révoltes généreuses ».

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