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Autographe, Edition Originale

Gaston CHAISSAC Lettre autographe signée de Gaston Chaissac : "Plus avisé, Dubuffet parla d'art brut, le mot fit fortune et je restais chocolat."

Gaston CHAISSAC

Lettre autographe signée de Gaston Chaissac : "Plus avisé, Dubuffet parla d'art brut, le mot fit fortune et je restais chocolat."

Vix (Vendée) s.d. (ca 1963), 17x22cm, 3 pages sur un double feuillet.


Lettre autographe signée de Gaston Chaissac, de trois pages, rédigées au stylo bille bleu sur un double feuillet de cahier d'écolier de son écriture enfantine. Les lignes penchées, nombreuses ratures et répétitions témoignent du style hâtif et libre du peintre.
Belle et intéressante lettre dans laquelle le « Picasso en sabots » évoque avec intensité et en toute modestie son parcours et son art : « Je ne réclame pas d'encens mais que de la mise au point. Je n'ai été qu'un imbécile, un nigaud, un con de plus de mon époque, bien peu de chose en définitive. »
« Je baptisais mes bonshommes tout bonnement de peinture rustique moderne. Plus avisé, Dubuffet parla d'art brut, le mot fit fortune et je restais chocolat. Dans ma pauvre situation il eut été préférable que je ne me fasse pas remarquer de la sorte. » Cette sentence – ne contenant étonnamment pas une seule coquille ou faute d'orthographe – résume à elle seule le fossé qui sépara Dubuffet, théoricien mondialement reconnu, et Chaissac, peintre ascétique à la santé fragile.
« Par trois fois, les deux artistes se rencontreront, en 1947, pour l'exposition personnelle de Gaston Chaissac à la Galerie L'Arc-en-Ciel, en 1949, à Sainte-Florence de l'Oie en Vendée et en 1956, dans l'atelier de Jean Dubuffet à Vence où celui-ci l'invite à venir travailler avec lui. Trois rendez-vous ratés où la difficulté de communiquer fut plus grande que le plaisir de partager leur intérêt commun pour les expérimentations picturales. Leur véritable rencontre sera épistolaire. Entre 1946 et 1964, ce sont quelques 400 lettres (un corpus assemblé et publié chez Gallimard à l'occasion de l'exposition) qui sont envoyées dans un aller-et-retour permanent d'échanges sur leurs inventions, leurs explorations, loin d'une rivalité et d'un rapport de domination souvent avancés dans les analyses sur leurs relations. » (cf. gaston-chaissac) En effet, dès 1948, Dubuffet intègre Chaissac dans sa collection et l'expose, aux côtés d'autres artistes, au Foyer de l'art brut, qui deviendra la Compagnie de l'art brut, puis la Collection de l'art brut. Mais en 1963 est créée la seconde Compagnie de l'art brut et Dubuffet doit alors revoir les fondements idéologiques qui définissent l'art brut, ce qui aboutit à la création d'une « Collection annexe », dans laquelle il relègue son ami vendéen.
En 1962 sort le livre de Gilles Ehrmann, Les Inspirés et leurs demeures, dans lequel Chaissac, dont le travail est pourtant déjà reconnu en France, se trouve aux côtés d'autres artistes autodidactes. S'il occupe toutefois une place centrale dans l'ouvrage – il est d'ailleurs en couverture – le peintre fait part dans cette lettre de sa déception quant à cette publication : « Et je me sens plutôt déshonnoré (sic) d'être d'être (sic) dans les inspirés et leur demeure (sic). C'est venu bien trop tardivement et je n'en suis plus au même stade que si c'avait été publié sans retard. » Les textes d'André Breton et Benjamin Péret y loue pourtant toute la modernité du peintre et, dans les mois suivant la parution, l'Allemagne, l'Italie, les États-Unis s'intéressent soudain à lui. « Trop tardivement » : il mourra l'année suivante d'une embolie pulmonaire. 
Il ne nous a pas été possible d'identifier le destinataire de cette importante lettre, que Chaissac nomme pourtant « ultime prophète ».

 

VENDU

Réf : 75149

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