Actualité Rodin, Duchamp, Dotremont chez Balzac
Avec L’écriture dessinée, La Maison de Balzac propose une exploration inédite des expériences plastiques autour de l’écriture initiées par Balzac.
Pablo Picasso, Jean Cocteau, Christian Dotremont, Alberto Giacometti, Victor Hugo, Asger Jorn, Auguste Rodin, Pierre Alechinsky, Henri Michaux, Pol Bury…près de 100 œuvres (peintures, gravures, sculptures ou dessins) illustrent, le long d’un parcours ludique et poétique, l’attraction exercée par l’écrivain sur lesplus grands artistes du 19e et 20e siècle.
L’exposition s’intéresse en particulier au mouvement international CoBrA qui accorde à l’écriture et à sa spontanéité une place de premier plan, parce qu’elle exprime le psychisme de l’individu, et donc les sources profondes de la création.
Balzac s’interroge sur l’interaction entre la pensée artistique et le geste. Il parsème ses romans d’éléments graphiques, et ses manuscrits témoignent de la manière dont l’écrit, par sa forme même, stimule l’imagination.
Ces expériences rencontrent un écho chez ses contemporains. Les pages hallucinantes de Théophile Bra, les dessins fantastiques de Victor Hugo, lesgravures humoristiques de Grandville, trouvent un développement inattendu une centaine d’années plus tard avec le mouvement CoBrA dont les piliers sont Christian Dotremont et Asger Jorn, un écrivains et un peintre, que leur questionnement sur l’art a naturellement conduits à La Comédie humaine.
Avec L'Ecriture dessinée : Dotremont, Duchamp, Picasso, la Maison de Balzac célèbre la rencontre de Balzac et du mouvement CoBrA en faisant dialoguer les « peintres de l’écriture » du XIXe siècle (Théophile Bra, Victor Hugo) avec la modernité (Jean Cocteau, Marcel Duchamp, Asger Jorn, Henri Michaux).
« Robe de chambre si utile ! Je travaille comme Balzac », écrit Christian Dotremont en 1963.
Cet attribut vestimentaire, mais aussi la moustache, les excitants modernes ou l’attirance pour les mystères de l’Orient calligraphe sont autant d’affinités, involontaires ou soigneusement cultivées. Fondateur du mouvement CoBrA, Dotrmont s’inscrit dans un rapport vivant et complexe à Balzac : « La Comédie humaine à tout » déchiffre-t-on sous son pinceau. Mêmes recherches sur l’écriture et son rapport au texte : usage inattendu des fontes d’imprimerie, l’importance de la main... Ses logogrammes sont des inscriptions à l’encre de Chine, vivantes et organiques, nées d’une interaction entre la pensée et le geste.
Une question longuement étudiée par Balzac, si attentif à la mise en forme des idées, et qui s’interroge : « Qui nous expliquera philosophiquement la transition de la sensation à la pensée, de la pensée au verbe, du verbe à son expression hiéroglyphique ? » Ludique et poétique, l’exposition s’intéresse à ces expériences plastiques autour de l’écriture initiées par Balzac, et propose une réflexion sur les ressorts les plus intimes de la création artistique.