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Louis ARAGON & (Marceline DESBORDES-VALMORE) Manuscrit original sur "L'Atelier d'un peintre", "qui fait grincer les dents existentialistes"

2 800 €

Réf : 87220

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Louis ARAGON & (Marceline DESBORDES-VALMORE)

Manuscrit original sur "L'Atelier d'un peintre", "qui fait grincer les dents existentialistes"

s.d. (circa 1950), 21x30cm, une page sur un feuillet.


| Il faut le dire, nous publions ici ce chef-d'œuvre, volontairement ignoré de ceux qui écrivent l'histoire littéraire et qui fait grincer les dents existentialistes, ou tout simplement les dents gâtées, comme un exemple, sûrs que ce ne sera pas en vain. |
***


Manuscrit autographe de Louis Aragon, une page à l'encre bleue sur un feuillet. De nombreuses ratures et réécritures. Infimes décharges de rouille dûes à un trombone, légères ombres d'un transfert d'encre d'une autre page. Publié dans Les Lettres Françaises, épisode 16, 23 février 1950.


Précieuse étude manuscrite de Louis Aragon, accompagnant la publication en feuilleton dans Les Lettres Françaises du roman de Marceline Desbordes-Valmore L'Atelier d'un peintre (1833). Il opère une réhabilitation de la poétesse-romancière snobbée par l'histoire de la littérature et les existentialistes, et la place dans la tradition du réalisme socialiste. 
En 1949, Aragon choisit de publier L'Atelier d'un peintre en livraisons avec ses commentaires. La guerre froide impose la mise en avant d'un réalisme socialiste comme référence officielle de la politique culturelle communiste : "pour Aragon lire Marceline Desbordes-Valmore c'est avant tout lire l'histoire d'une génération, d'un peuple. Plus précisément, il fait de Marceline une incarnation de la République inachevée, d'un monde encore en construction, et qui tend vers la liberté. Pour comprendre Marceline, Aragon nous invite à 'dater ses écrits', et à ne pas se contenter de la cantonner à une seule époque de sa vie, mais à essayer de trouver une explication à ses prises de position aussi différentes que l'étaient les régimes durant la gestation de la République au XIXe siècle." (Aghbarian, Lina, « Aragon éditeur de Marceline Desbordes-Valmore », Recherches croisées Aragon - Elsa Triolet, n°14).
De tous ses commentaires accompagnant L'Atelier d'un peintre, il s'agit de l'un de ses plus polémiques : Aragon s'oppose aux surréalistes en contestant le désamour de Lautréamont pour le romantisme auquel Desbordes-Valmore était associée, et fustige le rejet hâtif de cette oeuvre qui a pourtant des pendants dans la littérature moderne : "L'Atelier qu'Aragon rouvre avec la publication de ce roman, pour le retravailler, le révéler, lui donner une deuxième vie plus proche de ses propres préoccupations, après l'avoir désancré de son temps, et vidé de sa religiosité romantique, pour mettre à nu sa richesse qui réside dans la cause féministe défendue par Marceline Desbordes-Valmore [...] Ondine, le personnage littéraire, est pour elle une transposition de l'enfant disparu, son garçon, fils de Henri de Latouche, son amant. Ondine est donc trois fois hybride, androgyne, réelle et imaginaire, fille et mère à la fois, et Léonard, son double inversé, celui qu'elle aurait aimé être pour réussir dans l'univers pictural à l'accès interdit. Aragon double l'androgynie par l'homosexualité lue, entre autres, dans cette phrase de Yorick « Talma double mon existence ». Parmi d'autres allusions, il fait référence à Sexus de Henri Miller [allusion présente dans ce manuscrit] Aragon cultive la thématique de la dualité sur laquelle tout le roman est bâti. Sans délaisser le monde imaginaire du roman, il cherche à mettre en exergue de ce roman romantique la part réaliste cachée dans l'ombre du roman lyrique. En un mot, Aragon inverse l'ordre du premier et du second plan : le romantisme du roman de Marceline Desbordes-Valmore devient secondaire, et l'arrière-plan historique prioritaire" (ibid.)



"Nous voici arrivés à la scène nocturne de la Place Vendôme, qui est une des plus intenses, des plus belles minutes du roman de l'autre siècle...  Je le sais, tout le monde ne tombera pas d'accord. Il est arrivé à mes oreilles qu'il y a des gens qui se détournent superbement de L'Atelier d'un peintre, et trouvent mauvais que nous publiions une histoire où il n'y a strictement rien de ce que EUX, cherchent dans les romans, possible que ceux qui ne savent lire ne voient que bluette, de la littérature pour jeunes filles. Quand cela serait, cela vaut bien la littérature pour vieux messieurs ! 
 Mais , enfin, il  faut le dire, nous publions ici ce chef-d'œuvre, volontairement ignoré de ceux qui écrivent l'histoire littéraire et qui fait grincer les dents existentialistes, ou tout simplement les dents gâtées, comme un exemple, sûrs que ce ne sera pas en vain.
Isidore Ducasse, comte de Lautréamont, dont les gens à la page aujourd'hui n'oseraient contester l'autorité, a condamné voilà près de quatre-vingt-ans ceux qu'il appelait "les Grandes Têtes Molles" du romantisme, ceux qui écrivaient au mal. Mais jusqu'à aujourd'hui, toute la littérature écrite au bien est jugée avec mépris par cette Méduse, l'élite prétendue, formée de très petites têtes molles. La révision des valeurs annoncée par Ducasse, ne lui en déplaise, est commencée. Et ici même.
La scène de la place Vendôme - vous qui lisez simplement, sans penser si elle tient le coup à côté du Sexus d'Henry Miller -, pour mieux l'imaginer, si nous vous donnions de Yorick Angelmann, son protagoniste, une image nouvelle ? Que dites-vous de ce portrait d'inconnu [illustration choisie pour cet article], dû à Géricault, et que pour des raisons analogues sans doute on a prétendu être ce portrait de Lord Byron ?  ce qui est fort loin d'être prouvé."



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