Dominique-Jean, Baron LARREY
Lettre autographe signée adressée à son épouse Marie-Élisabeth Laville-Leroux : « Année de malheur en effet combien de catastrophes ne sont-elles pas déjà arrivées. »
Berlin 24 avril 1812, 20,3x24,5cm, 3 pages sur un double feuillet.
Lettre autographe signée de Dominique-Jean Larrey, chirurgien en chef de la Grande Armée, adressée à son épouse Marie-Élisabeth Laville-Leroux. Trois pages rédigées à l'encre noire d'une écriture fine, ratures et corrections. Pliures inhérentes à l'envoi. Traces d'un cachet de cire – probablement celui des services postaux de la Grande Armée – semblant avoir été prélevé et dont le trou a été restauré, causant la perte de quelques lettres mais ne gênant pas la lecture.
Belle et longue lettre de Larrey, peu de temps avant son départ pour la Campagne de Russie et seulement quelques semaines après sa nomination au poste de chirurgien en chef de la Grande Armée.
Provenance : de la Bibliotheca Lindesiana avec son estampille rouge en marge basse gauche du premier feuillet. Il s'agit d'une célèbre collection de livres et manuscrits réunie par Alexander William, comte de Crawford et de Balcarres (1812-1880), appelé presque toute sa vie Lord Lindsay, complétée par son fils James Ludovic (1847-1913). Cet important fonds comprenait de nombreux documents napoléoniens.
Larrey rend compte d'un événement important survenu quelques semaines plus tôt :
« Quel triste et épouvantable événement que celui de la mine Beaujonc : quelles vertus dans l'âme de ces braves et malheureux ouvriers, quel courage, quelle persévérance n'ont-ils pas montrés ! quels tourments et quelles privations n'ont-ils pas éprouvés ! La lecture de ce journal chère amie m'a déchiré l'âme et mes yeux sont encore baignés de larmes. » Le 28 février 1812, une exceptionnelle inondation survint dans cette mine près de Liège : l'eau atteignit une hauteur de 78 mètres et durant cinq jours et cinq nuits les mineurs et leur maître, Hubert Goffin, travaillèrent pour sortir de la houillère. Ce cataclysme est loin d'être un événement isolé, ce début d'année 1812 ayant été marqué par plusieurs tremblements de terre :
« Année de malheur en effet combien de catastrophes ne sont-elles pas déjà arrivées. » Le chirurgien fait également part à sa femme de la dureté des conditions de la vie en itinérance :
« Nous partons chère amie pour Posen d'où je t'écrirai mais tu ne pourras recevoir de mes nouvelles avant parce que les courriers ne peuvent être expédiés pendant la marche qui d'ici à cette ville sera au moins de 10 jours. […] Ainsi prends patience et ne t'inquiètes pas. Il me tardait beaucoup de sortir de cette ville ma chère amie. J'y suis fort mal sous tous les rapports. J'ai eu le malheur d'être logé chez un baron qui du lendemain de mon arrivée s'en est allé et m'a largué dans son appartement meublé à la prussienne avec une vieille servante qui me fournit à peine de l'eau et de la lumière. » Il poursuit, racontant l'ampleur de ses travaux auprès de la Grande Armée :
« La grande quantité de papiers qui va former mon bureau m'oblige à avoir un petit fourgon que l'armée doit me fournir. »
3 500 €
Réf : 76408
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