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Marc TRIVIER Mario. Barcelone 1984

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[Photographie] Marc TRIVIER

Mario. Barcelone 1984

Par l'auteur, s.l. 1984, 22x22cm sur papier Ilford 30x40cm, une feuille.


Grand portrait photographique original en noir et blanc réalisé par Marc Trivier.
Tirage argentique original non signé, comme la plupart des œuvres de Trivier.
Précieuse épreuve argentique originale du célèbre photographe belge, un des artistes contemporains les plus secrets, qui malgré un succès international précoce, a préféré limiter sa production pour conserver la cohérence de son œuvre. Marc Trivier ne tire pas de nouveaux exemplaires de ses anciens portraits, le papier de tirage qu'il utilisait n'est d'ailleurs plus commercialisé.  L'artiste « réalise lui-même ses tirages sur papier baryté Ilford, consacrant plusieurs jours de travail à chacun, avec une concentration particulière pour rendre les blancs, par contraste avec des noirs d'une rare densité. Un tirage de Marc Trivier ne ressemble à aucun autre. Lorsqu'il accepte de les exposer, il les suspend dans des cadres en inox de sa fabrication, laissant libre cours à la vie du papier. » (Xavier-Gilles, « Marc Trivier et la tragédie de la lumière » in Le Monde Libertaire, 2011). Cette « vie du papier » participe de l'œuvre au même titre que les diverses altérations que subissent les photographies lorsqu'elles sont exposées : « Dans les boites, les tirages gondolent, mais qu'importe : le photographe affectionne ce genre d'accident. » (Claire Guillot, « Les face à face sans échappatoire du photographe Marc Trivier », Le Monde, 2011). Marc Trivier a une sensibilité particulière pour l'aspect matériel de ses productions. Alors que la photographie relève par essence du multiple, cette intervention de l'artiste dans tout le processus de création confère une aura autographique à ces tirages.
  

Photographies d'artistes, de fous, d'arbres ou d'abattoirs, Marc Trivier aborde tous ces sujets avec un regard aussi précis qu'intense.

« Dans sa cosmogonie, chaque chose, chaque être, végétal, animal ou humain, mérite le même respect. Car tous sont confrontés à la même loi d'airain : la solitude. » (Luc Desbenoit).

La beauté qui émane de ses photos vient de cette nudité. Il n'y a ni retouches, ni recadrages. On retrouve dans son œuvre le même format carré souligné par le carré du négatif que Trivier laisse sur ses tirages. Ce cadre piège notre regard dans des photographies où le fard de la couleur est rejeté pour un noir et blanc incisif. Toute artificialité ayant disparu nous ne faisons pas face à la mise en scène d'un sujet mais à une présence exacerbée par la lumière irradiante et singulière, témoin d'un instant de vie et non de pose. C'est cette lumière, liée au médium photographique, qui unit les séries de Marc Trivier :


« Les photographies de Marc Trivier écrivent une tragédie de la lumière, celle-ci n'accueillant les êtres – hommes, arbres ou bêtes – qu'en les brûlant, avant disparition. » (Xavier-Gilles in Le Monde Libertaire).

C'est aussi elle, délivrée de tous les artifices, qui donne à ses œuvres l'aura qui les rend si présentes. Cette « brûlure » de la lumière nous renvoie à un instant réel, au « ça a été » de Barthes (La Chambre Claire, 1980) : 


« De trente-cinq ans de pratique photographique, d'obsessions, c'est peut-être ça qui reste : un mode d'enregistrement singulier de la brûlure de la lumière, décliné d'une image à l'autre, en une succession de propositions qui se ressemblent et pourtant chacune est aussi singulière que la fraction de temps auquel elle renvoie. » (Marc Trivier).

« La photographie ne dit qu'une chose : « C'était. » On ne fixe que ce qui a été. S'il y a une tragédie, elle est là. » (Marc Trivier)

Warhol, Foucault, Beckett, Dubuffet ... les plus grands écrivains et artistes ont posés pour Trivier. Simultanément l'artiste s'intéressent également aux marges de la société, à ce que les hommes ne veulent pas voir. Il photographie alors les aliénés et les abattoirs qu'il place en regard des célébrités. Dès la fin des années 1980 son œuvre est unanimement reconnue et il reçoit le prestigieux Young Photographer Award de L'international Center of Photography en 1988 ainsi que le Prix Photographie Ouverte (Charleroi). Après le Palais de Tokyo à Paris, le musée de l'Elysée à Lausanne et le Casino à Luxembourg, la Maison Européenne de la photographie à Paris lui consacre une importante rétrospective en 2011.

Les photographies des aliénés que Trivier réalise à la même période étaient volontairement mélées à celles des artistes lors de la rétrospective parisienne de 2011. Loin d'une tentative d'opposer la folie et le génie, cette mise en regard fut au contraire l'occasion d'un questionnement de notre regard sur ces deux pôles fantasmatiques de la personne humaine.
Alors que les photographies des médecins comme celles de Charcot au XIXème siècle insistent sur la maladie des patients et les font poser de manière à rendre visibles leurs symptômes, celles que prend Trivier ne cherchent pas à faire du fou un simple témoin d'une pathologie, ni même un "autre", quelqu'un qui se caractériserait par sa différence. Comme avec sa série sur les artistes, Marc Trivier sort du système de la pose qui est un artifice pour atteindre l'humanité de ses sujets. Ces hommes ont un regard puissant et une présence forte qui contredit leur anonymat.
A l'instar des artistes, dont ils semblent partager le mystère, les "fous" interrogent notre propre présence. 


 

Ensemble des expositions de Marc Trivier

1 500 €

Réf : 62315

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