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Edgar DEGAS Lettre autographe signée d'Edgar Degas adressée à Charles Deschamps

4 000 €

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Edgar DEGAS

Lettre autographe signée d'Edgar Degas adressée à Charles Deschamps

Paris s.d. (années 1870), 10,8x17,1cm, trois pages sur un feuillet double.


| Le Foyer de la danse à l'Opéra part à Londres ; Degas salue son grand ami James Tissot et peint des toiles pour le célèbre collectionneur impressionniste Jean-Baptiste Faure |
*


Lettre autographe datée et signée d'Edgar Degas adressée au marchand Charles Deschamps, directeur de la succursale du galeriste Durand-Ruel à Londres. Trois pages à l'encre sur un feuillet double.
Petites déchirures marginales sans atteinte au texte, traces de pli inhérentes à la mise sous pli.

Rentré de la Nouvelle Orléans, Degas s'adresse à son marchand attitré à Londres et l'informe de l'arrivée prochaine d'une exquise composition de danseuses, Le Foyer de la danse à l'Opéra de la rue Le Peletier, désormais conservé au Musée d'Orsay : « En attendant vous allez recevoir le petit tableau que vous aviez vu en train et que vous aviez pris l'idée de vendre à M. Huth – Puissiez-vous le faire ! […] Quant au prix, il me semble que 150 à 200 livres est bien » Deschamps exaucera les souhaits du peintre et vendra le tableau à Louis Huth, financier et mécène de Whistler, pour la somme de 140 livres. La toile fera ensuite partie de la prestigieuse collection d'Isaac de Camondo.
Degas se tourne vers Londres à une période où le marché de l'art anglais permet de pallier la débâcle qui a suivi la guerre franco-prussienne de 1870. Le peintre attend beaucoup de ce nouveau marché britannique en pleine expansion, financé par de lucratives expositions-événement attirant des millions de visiteurs ; le public anglais découvrit ainsi les toiles de Degas au cours de huit expositions de la Société des Artistes Français. Bien qu'il mentionne souvent dans sa correspondance des difficultés d'argent « J'ai vers la fin du mois pas mal à payer. Il me rentrerait quelque argent, que j'en serais enchanté […] – Occupez-vous de moi, mon cher Deschamps, je vous en serai bien obligé – Dites-moi aussi si la saison n'est pas bien avancée. Je le crains » sa carrière outre-manche était assez florissante et ses ventes profitables. Le peintre ne manque pas de saluer la « colonie française » des peintres exilés, Giuseppe de Nittis et son ami intime James Tissot dont le succès financier constituait pour Degas un exemple de commercialisation efficace des peintures d'un artiste français dans ce pays. Mais à la différence de Tissot, le peintre refusera de s'adapter aux goûts du marché et concentrera ses efforts à défendre la cause impressionniste en France et à l'étranger.
Degas consacre également un passage à un avide collectionneur de ses œuvres, le baryton Jean-Baptiste Faure, commanditaire de sa célèbre série de toiles sur l'Opéra de Paris et propriétaire du Déjeuner sur l'herbe de Manet : « Je devais être à Londres depuis quelque temps, d'après mon dire. Je n'y suis pas parce que le tableau de [Jean-Baptiste] Faure n'est pas fini, que je ne voudrais aller le rencontrer là-bas sans lui donner de meilleures nouvelles, et que je n'ai plus guères le temps de flâner si je veux n'avoir pas encore au 1er septembre rien à lui livrer ». Ironiquement, Faure reprochera aux toiles de Degas de ne pas être correctement finies (!) et lui intentera un procès quelques années plus tard.
 
Une rare et exceptionnelle missive qui retrace le cheminement d'une célèbre œuvre de Degas et sa relation avec les marchands et collectionneurs, à l'aube de la première exposition des peintres impressionnistes qui se tiendra un an plus tard.

« Mon cher Deschamps,
Je devais être à Londres depuis quelque temps, d'après mon dire. Je n'y suis pas parce que le tableau de
 [Jean-Baptiste] Faure n'est pas fini, que je ne voudrais aller le rencontrer là-bas sans lui donner de meilleures nouvelles, et que je n'ai plus guères le temps de flâner si je veux n'avoir pas encore au 1er septembre rien à lui livrer – Il part de Londres le 18 ou 19 je le sais – Peut-être à la fin du mois, un peu avant toutefois, j'irai vous voir ainsi que la colonie française. Mais rien n'est moins sûr.
En attendant vous allez recevoir le petit tableau que vous aviez vu en train et que vous aviez pris l'idée de vendre à M. Huth – Puissiez-vous le faire !
J'ai vers la fin du mois pas mal à payer. Il me rentrerait quelque argent, que j'en serais enchanté –
Quant au prix, il me semble que 150 à 200 livres est bien –
Je voudrais y joindre deux autres choses, un peu vaporeuses – J'y travaille à présent. Mais il fait bien chaud et je ne puis y mettre tout le temps qu'il faudrait. – Occupez-vous de moi, mon cher Deschamps, je vous en serai bien obligé –
Dites-moi aussi si la saison n'est pas bien avancée. Je le crains – Bonjour à votre aimable femme d'abord, à Tissot et Nittis ensuite.
bien à vous
Degas »

 

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