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Antonin ARTAUD & (Balthasar Klossowski, dit BALTHUS) Lettre autographe datée et signée sur la première exposition de Balthus à Paris : "La peinture de Balthus est d'une actualité suffisante pour se passer de l'actualité"

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Antonin ARTAUD & (Balthasar Klossowski, dit BALTHUS)

Lettre autographe datée et signée sur la première exposition de Balthus à Paris : "La peinture de Balthus est d'une actualité suffisante pour se passer de l'actualité"

Paris 27 Avril 1934, 21x27cm, une feuille.


| "la peinture de Balthus est d'une actualité suffisante pour se passer de l'actualité" |

Lettre autographe datée et signée d'Antonin Artaud, à en-tête de la brasserie Le Dôme, adressée à Maurice Martin du Gard, fondateur et directeur des Nouvelles Littéraires, 29 lignes à l'encre bleue d'une écriture nerveuse.
Traces de pliures et petites déchirures marginales inhérentes à l'envoi postal et à la manipulation. Petites taches au début de la lettre. 
Antonin Artaud se bat pour publier son article sur la peinture de Balthus, exposée pour la première fois en France. Il défend avec férocité celui qu'il considère comme son « double », tant ils étaient semblables physiquement et intellectuellement.
Lors de cette première exposition de Balthus en galerie en 1934, ses représentations de jeunes femmes pubères tendant vers un voyeurisme empreint de rêves excitants ont scandalisé le public parisien. Artaud, justement, se retrouve dans l'atmosphère étrange des toiles balthusiennes et compte parmi les premiers écrivains à reconnaître l'importance de son œuvre. Les deux hommes s'étaient rencontrés (ou retrouvés, peut-on dire) par hasard au café de Flore deux ans auparavant. « Un lien étrange les unissait, croyait Balthus, d'autant qu'il lui devait d'être encore en vie. C'est en juillet 34, que le poète sauva de justesse le peintre du suicide qu'il venait de mettre à exécution, victime d'une intense dépression. ‘Curieusement, il est arrivé ce jour-là en courant dans mon atelier au moment où j'allais déjà très mal, et il s'est précipité sur moi et comme il avait lui-même pris beaucoup de drogues dans sa vie, il a tout de suite compris' » (Zoé Balthus, citant Balthus lui-même).
Quelques mois avant cette grave crise du peintre, Artaud réclame son manuscrit écrit à l'occasion de la première exposition individuelle de son ami à La Galerie Pierre, ouverte le 13 Avril 1934 au 6 de la rue des Beaux-Arts. L'auteur d'Héliogabale ou l'anarchiste couronné (qui paraît la même année) se montre surpris et un brin courroucé du peu d'intérêt que témoigne la revue : « Je vous ai adressé il y a quinze jours un article sur l'exposition Balthus dont tout le monde parle. Il me semblait que les Nouvelles littéraires se devaient d'en parler. » Sa prose poétique et sibylline chantera souvent les louanges de Balthus, cet alter ego qui refusera également les dogmes du Surréalisme. La rédaction des Nouvelles Littéraires semble même négliger le travail de l'écrivain ce qui l'irrite au plus haut point : « Bien que les manuscrits non insérés ne soient pas rendus, on me rend toujours mes manuscrits, et en général après les avoir publiés. » Il insiste donc pour récupérer son bien et s'insurge encore contre l'incompréhensible et aveugle silence de la revue pour l'œuvre du grand peintre : « Je vous serai donc reconnaissant de me dire ce que vous comptez en faire car la peinture de Balthus est d'une actualité suffisante pour se passer de l'actualité. Un article sur lui peut donc paraître en tout temps. Si vous pensiez ne pas devoir le publier je vous demande de vouloir bien me le renvoyer... » Cet article est probablement le même qu'Artaud publiera finalement dans le quotidien mexicain El Nacional deux ans plus tard, célébrant une nouvelle fois la peinture de son ami.
Belle lettre manuscrite du fougueux et irascible Antonin Artaud, découvreur de la peinture de Balthus. 


























 

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