Emil Michel CIORAN [Samuel BECKETT]
De l'inconvénient d'être né - Exemplaire de Samuel Beckett
Gallimard, Paris 1973, 14x20,5cm, broché.
Edition originale pour laquelle il n'a pas été tiré de grands papiers, un des exemplaires du service de presse.
Dos et plats marginalement décolorés, dos restauré.
Exceptionnel envoi autographe signé de Emil Michel Cioran sur son plus célèbre recueil d'aphorisme : « Pour Sam et Suzanne Beckett j'ai voulu écrire un livre qui puisse être lu par les concierges... J'y suis parvenu, hélas ! Avec ma très vive amitié. E.M. Cioran Paris le 16 Nov. 1973. »Nous joignons un papillon des éditions Gallimard sur lequel Emil Michel Cioran a rédigé l'adresse parisienne de Samuel Beckett.L'ensemble de la bibliothèque parisienne de Beckett est aujourd'hui conservé à la
Beckett International Foundation, y compris un exemplaire
De L'inconvénient d'être né, offert quelques jours plus tard, avec un envoi identique, mais suivi de la mention : « Paris le 9 Déc. 1973. Comme vous le souhaitiez, j'ai reproduit ici exactement la dédicace. Merci pour la soirée de samedi. J'ai cherché toute la nuit, bien entendu sans succès, un équivalent français de
lessness. » puis sur la page suivante : « lundi matin. Je viens de protester chez Gallimard. On m'a répondu qu'à Paris la distribution ne se faisait pas par la poste et qu'il y avait de ce fait tout le temps des problèmes… »
Cette seconde dédicace nous révèle donc par quel imbroglio notre exemplaire s'est perdu et a pu devenir ainsi l'un des uniques envois de Cioran à Beckett encore en main privée.
C'est en 1956 que Beckett découvre réellement la philosophie de Cioran, comme il le rapporte dans une lettre à Richard Roud : « Avez-vous lu Cioran, je viens de lire son dernier,
La Tentation d'Exister, excellentes choses par endroits. Il faut que je relise son premier,
Petit Précis de Décomposition. ». La rencontre entre les deux maitres de l'absurde ne se fera qu'en 1961 à la Closerie des Lilas. L'admiration réciproque entre les deux hommes se mue rapidement en une amitié discrète et profonde autour de nombreuses soirées à disserter notamment sur leur langue d'adoption, le français. Les cahiers du philosophe révèlent ses nombreuses réflexions sur son ami dramaturge « je l'aime tant mais il est préférable que nous ne parlions pas. Il est si discret : La conversation est une forme de jeu qui requiert un certain manque de retenu. » (Septembre 1968) ; « Beckett m'a écrit à propos de mon livre
Démiurge : « Dans tes ruines, je trouve refuge. » (21 avril 1969). Après plusieurs articles sur son ami et complice, Cioran lui consacrera en 1986 un chapitre entier de ses
Exercices d'admiration.Unique et précieuse dédicace du chantre du gai désespoir au maitre de la joie tragique !