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Emile ZOLA Lettre autographe datée et signée, en exil pendant l'Affaire Dreyfus : "je crois que c'est la fin du monde"

Emile ZOLA

Lettre autographe datée et signée, en exil pendant l'Affaire Dreyfus : "je crois que c'est la fin du monde"

[Weybridge] 19 août 1898, 13,5x20,5cm, quatre pages sur un bifeuillet.


| « l'homme nerveux et passionné que je suis n'est pas fait pour l'exil, pour la résignation et le silence » |

Lettre autographe paraphée d'Emile Zola adressée à Octave Mirbeau, datée de sa main du 10 avril 1898. Quatre pages à l'encre noire sur un bifeuillet, adressée à Octave Mirbeau.
Trace de pli horizontal inhérent à l'envoi.
Particularité de cette correspondance d'exil, Zola choisit d'omettre sa signature dans ses lettres – ou comme ici, de parapher seulement, se prévenant de la censure ou des enquêtes de police.
Publiée dans ses Œuvres complètes, t. XXV, éd. F. Bernouard, 1927, p. 820.
Déchirante lettre de Zola écrite dans l'exil le plus total, la retraite la plus ignorée, le silence le plus absolu. L'écrivain justicier est reclus en Angleterre, contraint de quitter Paris après avoir été condamné à la peine maximale pour avoir écrit "J'accuse !"
Après son historique cri du cœur dans l'Aurore, Zola est condamné une première fois par le jury de la Seine le 23 février 1898 à un an de prison et trois mille francs d'amende. Le jugement est annulé en cassation, et l'affaire est renvoyée devant les assises de Versailles, qui ne retiennent que trois lignes sur les huit cent que comptent "J'accuse !" comme chef d'accusation. Pour ne pas accepter un tel étouffement des débats, la défense de Zola décida de faire défaut, et la condamnation fut confirmée. Le soir même de sa sortie mouvementée du Palais de Justice, Clémenceau et son avocat Labori lui conseillèrent de quitter le pays avant que le jugement ne pût devenir exécutoire.
L'écrivain peine à supporter cet exil volontaire, si contraire à son caractère, et s'épanche dans cette missive qu'il adresse à la femme de Mirbeau, qui fut pour lui un inconditionnel soutien aux côtés de son mari. Il ne cache pas le sentiment de culpabilité qui le ronge, et expose sa stratégie :

« Chère Madame et amie, quelle bonne et réconfortante lettre vous m'avez écrite !
J'avoue que j'avais un peu besoin de ce cordial, car l'homme nerveux et passionné que je suis n'est pas fait pour l'exil, pour la résignation et le silence. Vous avez parfaitement deviné que ma torture est d'être à l'abri, dans trop de paix et de sécurité, pendant que les autres se battent. Et vous savez que ma résolution était prise de ne rien dire à personne et de rentrer un beau matin. Maintenant, voilà que vous m'écrivez, et vous n'êtes pas la seule, tout le monde m'écrit que je dois rester où je suis sous peine de déchaîner les pires catastrophes. Je n'en crois rien, je l'avoue, je reste convaincu que mon projet était brave, même utile, et que nous aurions été une fois de plus vainqueurs. Mais, devant l'opinion unanime, je dois m'incliner. Comme je l'écris à Labori, c'est le plus gros sacrifice que j'aie encore fait à la cause, car on n'imagine pas tout ce que je souffre ici, moralement, intellectuellement, dans l'impuissance d'agir où je me trouve. Ét je ne parle pas de mon pauvre cœur, arraché à tout ce qu'il aimé. Quant à quitter ce pays, je ne le tenterai même pas. Toute ma souffrance en serait renouvelée. J'y ai longuement réfléchi, toutes les bonnes raisons sont que je reste où je suis, même si l'affaire doit durer encore des mois. Il me semble que cela est mieux, car il ne manquerait plus que j'aille me divertir au soleil, pendant qu'on se bat. Vous devinez déjà les articles de la presse immonde, la France vendue à l'Italie, pour les trente deniers de Judas. Dites à votre mari combien je l'aime et l'admire. Le voilà jeté dans l'action, lui aussi, et if s'y comporte superbement. Merci aussi à tous les deux pour l'affection dont vous entourez ma chère femme, vous dévouant à nos intérêts, veillant à ce qu'elle ne soit pas seule, à Paris au milieu de la bataille. Je suis infiniment touché de votre tendresse, et c'est une de mes grandes consolations. Je me permets de vous embrasser, chère madame et amie, et d'embrasser aussi votre vaillant mari, de tout cœur. »



Alors que son propre camp le contraint à l'exil, les événements s'enchaînent en France à la suite de l'acte héroïque de Zola. Dans les six mois écoulés depuis son départ, le colonel Henry avouait son forfait à Cavaignac et se suicidait dans sa cellule au Mont-Valérien ; en octobre, la révision du procès de Dreyfus était déclarée recevable.
Témoignage exceptionnel d'un moment clé de l'affaire Dreyfus, et de l'état d'esprit de Zola, impatient et isolé pendant ces heures cruelles.
 




















6 800 €

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