Boris VIAN
Article sur le cabaret - Manuscrit autographe en partie inédit : " "Et ce n'est pas un hasard si En attendant Godot, la pièce étonnante de Samuel Beckett, est une entrée de clowns qui dure deux heures, ne traite de rien en particulier, pose tous les problèmes, arrache le rire au moment où l'on devrait s'épouvanter"
Paris s.d. (ca 1953), 21x27cm, 11 feuillets rédigés au recto.
Manuscrit en partie inédit d'un article sur le cabaret, neuf pages plus deux pages en addition rédigées à l'encre violette sur des feuillets de papier quadrillé perforés. Nombreuses ratures et corrections ainsi que plusieurs ajouts. Les feuillets sont numérotés en marge haute droite de 1 à 9 puis 12 et 13.
Les neuf premiers feuillets de ce texte, qui ne fut jamais publié du vivant de Boris Vian, ont été retranscrits dans Les Vies posthumes de Boris Vian de Michel Fauré (1975). Le texte a été fautivement daté de 1948 par Fauré : la mention d'En attendant Godot de Samuel Beckett, dont la première eut lieu en 1953, rend cette datation impossible.
Intéressant texte évoquant les cabarets et les "troglodytes", bel écho au célèbre Manuel de Saint-Germain-des-Prés (1951) : "Rendons à Saint-Germain-des-Prés ce qui lui revient de droit : outre un certain tonnage fourni aux journalistes en mal de copie, ce quartier tant décrié - par ceux qui justement ne l'ont connu que sous son aspect journalistique - est à l'origine de la transformation profonde du cabaret. Oui, il y avait bien une raison si les gens intelligents que sont Sartre, Prévert, Camus, Merleau-Ponty, etc., bref tous ceux qui en somme comptent aujourd'hui dans la littérature ou les arts suivaient avec autant d'attention le grand mouvement des caves, malgré la turbulence des troglodytes et l'incongruité des singes photographes, malgré l'activité brouillonne d'une génération de journalistes illettrés et malotrus, malgré la curiosité béate du badaud et l'aigre rancoeur des videurs de pots de chambre de la rue Dauphine."
Après avoir brièvement évoqué le jazz, sujet sur lequel il est pourtant habituellement dithyrambique, Boris Vian consacre la plus grande partie de son texte au théâtre : "Le jazz, d'un côté se taillait à grands coups de trompette une place à l'ombre côté chambre des machines ; c'est là sa vraie ambiance : une cave enfumée, une arrière-boutique, un laboratoire obscur où se réunissent les fidèles. [...] Les musiciens se détendaient enfin. Mais de leur côté les comédiens ne restaient pas inactifs." Visionnaire, Vian sent "dans l'air une odeur de renouveau" comprenant l'importance que revêtira le théâtre de cabaret dans les années à venir. Deux feuillets (non transcrits dans l'ouvrage de Fauré) évoquent l'avant-garde théâtrale de ce début des années 1950 : "Et ce n'est pas un hasard si En attendant Godot, la pièce étonnante de Samuel Beckett, est une entrée de clowns qui dure deux heures, ne traite de rien en particulier, pose tous les problèmes, arrache le rire au moment où l'on devrait s'épouvanter [...] Et ce n'est pas un hasard si l'interprète principal de l'oeuvre de Beckett, ce pilier de tête du théâtre d'avant-garde, est un chevronné du cabaret."
[English description on demand]
2 500 €
Réf : 76377
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