Victor HUGO
Lettre autographe signée adressée à Pierre-Alexandre Louis : "[...] il s'agit d'une jeune malade qui l'intéresse au plus haut degré. Cette jeune personne habite Auteuil."
s.l. s.d. [ca mai-juin 1846], 13,6x21cm, une page sur un feuillet.
Lettre autographe signée de Victor Hugo adressée à Pierre-Alexandre Louis, médecin de la famille Hugo. Une page rédigée à l'encre noire sur un feuillet.
Pliures inhérentes à l'expédition.
Nous n'avons pas trouvé trace de cette lettre dans la correspondance de Victor Hugo.
Émouvante lettre dans laquelle Hugo demande secours à son médecin de famille alors que sa belle-fille Claire Pradier, unique enfant de Juliette Drouet, succombe à la tuberculose.
Claire fut le fruit des amours de la comédienne et du sculpteur James Pradier, c'est d'ailleurs à la demande de ce dernier qu'Hugo écrit à son médecin : "M. Pradier, le grand Humain, réclame, mon cher Monsieur Louis, votre coup d'œil si pur et si efficace ; il s'agit d'une jeune malade qui l'intéresse au plus haut degré. Cette jeune personne habite Auteuil. Seriez-vous assez bon pour y accompagner M. Pradier ?" Dans un dernier espoir, Hugo déclare : "M. Pradier sait de quelle admirable façon vous avez soigné mon pauvre petit Toto ; il sait tout ce que votre grande science et votre grand talent ont fait pour la guérison de ce cher enfant. Il sollicite vos lumières, je me joins à lui."
Hugo était particulièrement attaché à Claire qui connut une existence laborieuse : son père, qui ne la reconnut qu'après deux ans, lui interdit ensuite, au grand désespoir de Juliette Drouet, d'utiliser son nom de famille. Après un échec à l'examen de sous-maîtresse, elle glisse peu à peu dans le désespoir : "De santé fragile, elle déclina doucement à partir de l'automne de 1845, pendant lequel elle fit son testament. Au mois de mars 1846, un nouvel échec à son examen précipita sa chute. Déprimée, affaiblie par un début de tuberculose, elle semble bien avoir fait une tentative de suicide [...] " (Jean-Marc Hovasse, Victor Hugo - Tome I. Avant l'exil 1802-1851) Ce désespoir juvénile inspira d'ailleurs à Hugo ces superbes vers des Contemplations : "Ils ont ce grand dégoût mystérieux de l'âme / Pour notre chair coupable et pour notre destin ; / Ils ont, être rêveurs qu'un autre azur réclame, / Je ne sais quelle soif de mourir le matin."
Malgré la sollicitation de Victor Hugo, "elle mourut le 21 juin et fut enterrée deux jours plus tard au cimetière d'Auteuil" (op. cit.)
Importante lettre témoignant de l'affection que Victor Hugo portait à sa belle-fille, rédigée quelques années seulement après la tragique disparition de sa chère Léopoldine.
[English description on demand]