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Victor SEGALEN Lettre autographe signée adressée à Emile Mignard : "Tahiti est bien loin, mon cher Emile, Brest aussi ; tout est loin, reculé encore par la grisaille Nouméenne…L'attente…l'incertitude."

Victor SEGALEN

Lettre autographe signée adressée à Emile Mignard : "Tahiti est bien loin, mon cher Emile, Brest aussi ; tout est loin, reculé encore par la grisaille Nouméenne…L'attente…l'incertitude."

Nouméa 10 mai 1904, 11,5x18,1cm, 4 pages sur un double feuillet.


Lettre autographe signée de Victor Segalen adressée à Emile Mignard. Quatre pages rédigées à l'encre noire et au crayon de couleur bleu sur un double feuillet. Pliure transversale inhérente à l'envoi.

Emile Mignard (1878-1966), lui aussi médecin et brestois, fut l'un des plus proches amis de jeunesse de Segalen qu'il rencontra au collège des Jésuites Notre-Dame-de-Bon-Secours, à Brest. L'écrivain entretint avec ce camarade une correspondance foisonnante et très suivie dans laquelle il décrivit avec humour et intimité son quotidien aux quatre coins du globe. C'est au mariage de Mignard, le 15 février 1905, que Segalen fit la connaissance de son épouse, Yvonne Hébert.

Un problème d'ordre mécanique empêche la Durance de quitter Nouméa ; Segalen s'y trouve après avoir assisté au conseil de santé annuel réunissant chaque année les médecins des navires de la division française du Pacifique pour décider des convalescences, congés et mutations : « Tahiti est bien loin, mon cher Emile, Brest aussi ; tout est loin, reculé encore par la grisaille Nouméenne…L'attente…l'incertitude. Voici quinze jours de jeu de balançoire : retournerons-nous à Tahiti ? Nos chaudières sont agonisantes, les répartitions se compliquent… Désarmement à Saïgon ??? Cap-Horn à la voile (!!)…Mystère… » Il se languit de Tahiti : « Cela me ferait une vraie peine de manquer ce retour à Tahiti. Ce faux départ, cet adieu hémiplégique me navrerait. J'ai quitté mon île avec la certitude du retour, et néanmoins en faisant matériellement comme si je ne devais jamais y revenir. L'adieu à ce pays a ceci de spécial que c'est un adieu définitif, irrémédiable, non pas au pays peut-être (bien que les chances d'y repasser soient bien minimes), mais aux être aimés, que l'on retrouvera plus tard vieillis, déformés. » Cet arrêt forcé lui permet de s'adonner à la rédaction de ses Immémoriaux, qui paraîtra finalement en 1907 au Mercure de France sous le pseudonyme de Max-Anély (Max en hommage à Max Prat et Anély, l'un des prénoms de sa femme), Segalen n'étant pas autorisé, en sa qualité de médecin militaire, à signer une œuvre fictionnelle de son patronyme : « Je profite de cet interminable séjour en une ville insipide pour rédiger, rédiger à outrance toutes les notes vécues intensément à Tahiti. » Ces notes se trouvent pour la plupart dans le manuscrit des Immémoriaux et dans le Journal des Îles.

 

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Réf : 79614

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