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ANONYME

Shunga. Jūji wagō o-tekagami (Figures d'unions harmonieuses durant 10 heures)

1880, 21x24cm, autre.

Album réunissant 10 peintures originales sur soie beige en couleurs marouflées sur papier doré. Les contreplats de papier gaufré et or avec fleurs et feuilles. La dernière oeuvre du recueil porte 2 sceaux rouges. La majorité de ces recueils ne sont jamais signés en raison de la censure, il est donc fort rare d'y trouver un sceau, donc la signature du peintre. Chaque peinture est un carré de soie de 16,8x16,8cm. Les scènes érotiques ne contiennent aucun décor, aucun arrière plan, concentrant toute l'attention sur les couples. 3 cependant ont une tenture ou un paravent. Les peintures sont extrêmement stylisées et finement exécutées, d'une grande qualité. Quelques fins traits dessinent les personnages revêtus d'étoffes qui les recouvrent en parties. Avec quelques touches rouges les couleurs employées sont des bruns s'accordant au fond beige.
Il est presque impossible de date précisément ce type d'oeuvre et il est probable qu'il soit plus ancien de quelques décenies, bien que son style très épuré semble bien refléter la fin du XIXe siècle au Japon.
Album en accordéon recouvert de soie bleu à motifs or. Caisse en bois en 2 parties (24,5x28,5cm), un fond et un couvercle, avec une écriture manuscite sur le couvercle. Pour l'album : Etiquette manuscrite frottée.  Coins usés avec perte de tissu. le papier doré avec des frottements. Dans les marges les peintures ont quelques salissures ou légères traces de mouillure. Il est très rare que ces recueils, toujours dissimulés aux regards aient conservé leur boîte de rangement.
Par rapport à la production d'estampes érotiques bien connue, les peintures, si elles respectent un certain nombre du code de l'érotisme japonais (taille du sexe, femmes se pâmant, étoffes masquant en partie la nudité, positions sexuelles...) font montre d'une plus grande créativité et d'une plus grande originalité, exprimant davantage la technique et la vision du peintre. La série fait ainsi preuve d'un extrême rafinement et d'une grande épuration, surtout si on compare ces oeuvres aux shunga de l'époque Edo. Par ailleurs, même si les scènes érotiques respectent les codes de la représentation shunga, on distingue nettement une évolution dans la vision de la sexualité : la femme y détient une place plus égale, et l'ensemble tend davantage vers une sexualité harmonieuse, parfaitement rendue dans ces peintures par le choix des dégradés de brun ponctué de touches de couleurs plus violentes, figurant ainsi une forme de sérénité habité par la violence du désir.
Shunga est le terme générique japonais qui désigne l'art érotique, il signifie littéralement Image du printemps, le printemps étant un euphémisme et une figure de style exprimant la sexualité. Le terme Shunga ayant été réservé longtemps aux estampes, les recueils ou albums ont souvent été désignés par l'appellation Livres de l'oreiller, ou notes pour l'oreiller, etc. (Utamaro : Le chant de l'oreiller, 1788).
Ensemble précieux et rare.

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