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Tommaso CAMPANELLA (traduction) François VILLEGARDELLE La cité du soleil

Tommaso CAMPANELLA (traduction) François VILLEGARDELLE

La cité du soleil

Alphonse Levavasseur, Paris 1840, 8,5x14,5cm, relié.


Edition originale de la traduction française, parue avant l'édition originale italienne. En effet, Campanella ne publia en 1623 qu'une traduction en latin qui resta pendant plusieurs siècles la seule version de sa célèbre utopie.  
Reliure à la bradel en plein papier caillouté, dos lisse, pièce de titre de chagrin noir, reliure signée T. Boichot.
Rares petites rousseurs.
***

Composé par le moine dominicain Tommaso Campanella durant son séjour en prison en 1602, l'ouvrage décrit la cité de Solar, utopie inspirrée de La République de Platon, mais socialisante et beaucoup plus radicale que celle de Thomas More, parue 80 ans plus tôt. Dans ce monde idéal, tout est mis en commun. La ville idéale de la cité du soleil, qui possède une économie planifiée et de type collectiviste, observe l'égalité de toutes les personnes et les principes des lois naturelles se manifestant à travers l'observation des astres.

La BNF consacre à Campanella un long article :

" Né à Stilo en Calabre, Campanella entre dans l'ordre des Dominicains alors qu'il n'a pas 14 ans. Très vite, ses talents n'ont d'égal que l'indépendance de son tempérament. Sa vie est jalonnée de procès, à Naples, à Padoue, à Rome (où il est soupçonné d'hérésie en 1597) et de nouveau à Naples où il est incarcéré après l'échec d'un complot politique contre les autorités espagnoles : il avait tenté de soulever ses compatriotes contre la domination espagnole afin d'établir une forme d'utopie. Il échappe à la peine de mort en 1601 et passe 25 ans en prison avant d'être libéré en 1629 et d'être nommé maître en théologie par le pape Urbain VIII. Cependant, de nouvelles difficultés surgissent et il fuit l'Italie pour la France en 1634, il y est accueilli par Richelieu et Louis XIII.
Les écrits de Campanella sont denses et abordent tous les domaines du savoir de son époque : il avait le projet de réunir ses textes dans des œuvres complètes en dix volumes dont il conçut une impressionnante table des matières partant de la "philosophie rationnelle" pour s'achever par des "miscellanées". Son objectif était de "réformer toutes les sciences en conformité avec la Nature et l'Ecriture" afin de prendre en compte les découvertes géographiques et astronomiques : sa Philosophia sensibus demonstrata (1591) s'inscrit dans la lignée de Bernardino Telesio qui préconise d'atteindre la vérité par l'observation de la nature.
C'est en prison qu'il écrit sa vision de la république idéale, Città del Sole, en se référant à More et à Platon : la première version, en italien, est achevée en 1602 et ne sera publiée qu'en 1904. Une deuxième version est écrite en latin en 1613, elle est éditée en 1623 et rencontre un large public. La Cité du soleil prend la forme d'un dialogue entre le Grand Maître des Hospitaliers et un capitaine génois, ancien pilote de Christophe Colomb. Après une descente forcée à Taprobane (Ceylan), ce témoin découvre une ville constituée de sept zones circulaires concentriques portant le nom des sept planètes, fortifiées et comprenant en son centre une colline sur laquelle est construit un temple rond, l'âme de la cité. Le Métaphysicien Hoh règne en maître sur un triumvirat composé de Pon – la puissance en langage solaire, s'occupant de la défense et de la guerre –, de Sin – la sagesse, chargé de la science (les enfants apprennent en marchant, avant dix ans, grâce aux murs d'enceinte portant divers objets de connaissance) –, et de Mor – l'amour, qui travaille à l'amélioration de la race humaine en ayant recours à l'eugénisme. Quatre magistrats, Tempérance, Magnanimité, Justice, Activité, complètent cette hiérarchie et seuls ceux-ci peuvent être révoqués par le peuple. Cette société comporte peu de lois, n'a pas de prison, la confession y est de rigueur, les habitants portent les mêmes vêtements qu'ils changent quatre fois par an, ils mangent et dorment ensemble et vivent environ 200 ans. Le travail occupe quatre heures de la journée, l'agriculture est privilégiée, l'argent est méprisé, et ils croient tous en un dieu unique dont le soleil est l'image visible.
Conjuguant réalisme et mysticisme, cette cité du soleil invite à se "souvenir et à revenir vers le Seigneur" ; par les lois et la logique qui la régissent, elle n'est cependant pas à l'abri de dérives concentrationnaires qui transformeraient l'homme en son propre bourreau. "



Très rare première édition en langue vernaculaire d'une des grandes Utopies du XVIIe siècle. 

BNF : Exposition Utopie

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Réf : 85915

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