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Edouard DETAILLE Lettre autographe signée au ministre de la Guerre à propos du casque créé pour l'Infanterie française

Edouard DETAILLE

Lettre autographe signée au ministre de la Guerre à propos du casque créé pour l'Infanterie française

s.d. (vers 1911), 12,8x17,1cm, une feuille.


Lettre autographe signée du peintre et illustrateur Edouard Detaille au ministre de l'Intérieur, une feuille rempliée.
En novembre 191127, le ministre de la Guerre Adolphe Messimy décide de rénover les uniformes de l'armée française et lance une commande publique à Detaille et Georges Scott, un de ses élèves. Le ministre demande une nouvelle tenue de campagne, incluant un habillement de repos, et une tenue d'apparat. Toutes les tenues devant être « élégantes et pimpantes »27 mais également exemptes d'éléments brillants : l'acier bruni moins visible à distance doit en effet remplacer l'acier scintillant. Les discussions initiales laissent entrevoir un projet proche de l'équipement final — pattes d'épaules remplaçant les épaulettes, culotte garance, capote ample —, le seul point de divergence avec le comité étant le casque proposé par Detaille et destiné à remplacer le képi rouge traditionnel pour la tenue de campagne — le képi devait initialement être gardé uniquement pour l'habillement de repos28. En effet, bien que le projet de casque de Detaille soit loué par le comité pour ses qualités esthétiques, il est aussi critiqué car risquant de poser des problèmes techniques pour le tir couché27. Les couleurs n'étant pas toutes établies, celles-ci évoluent avec le temps, seul le réséda très décrié est vite écarté. La volonté d'éviter une trop grande visibilité des troupes par l'ennemi est aussi évoquée, mais contre toute logique cela n'écarte pas ensuite l'adoption d'une culotte garance par le comité, choix approuvé par une partie de la presse qui estime que : « L'expérience a, en effet, démontré qu'à la guerre c'est le buste du soldat qui est visible et non les jambes [sic] »29. Pour une autre partie de la presse, l'utilisation de la couleur garance est cependant jugée problématique et, souhaitant éviter le moindre risque pour les soldats, elle trouve préférable d'adopter une couleur brune, moins visible, et d'en faire de même pour le képi de repos30. Detaille ne tient cependant pas compte de ces dernières critiques.
Une première version du casque est présentée début 1912 : en acier bleui, il offre un cimier bronzé au milieu de la partie supérieure destiné à amortir des chocs venant par le dessus, ainsi qu'une visière et un cache-nuque uniformes permettant au casque de se porter dans les deux sens. Les attaches de la jugulaire, sangle permettant de retenir le couvre-chef et passant sous le menton, sont ornées de deux têtes de lion en acier bronzé, avec pour le côté gauche du casque une cocarde tricolore rajoutée. Le poids total pour cette première version est d'environ 1 kilogramme31.
En avril 1912, le choix de la couleur pour la capote est fixé : un gris bleuté32. Elle se rapproche, même si sa teinte est légèrement plus claire, de la future capote bleu horizon utilisée par les poilus lors de la Première Guerre mondiale.
Projets de tenue pour l'infanterie de ligne, Paris, musée de l'Armée. Œuvre présentée au Salon de mai 1912. Les grandes tenues d'apparat sont à gauche et les tenues de campagne, mieux camouflées, à droite.
Pour la cavalerie, l'élaboration des uniformes revient principalement à Georges Scott, les modifications restant légères car les tenues déjà existantes sont jugées satisfaisantes. La question de la visibilité des cavaliers par l'ennemi n'est pas posée, car le problème ne semble pas être la tenue du cavalier, mais bien la visibilité du cheval lui-même29. Scott, libéré de cette contrainte technique, s'inspire donc librement des éléments les plus flamboyants du Second Empire33.
Des essais grandeur nature ont lieu durant l'été 1912 lors du défilé militaire du 14 Juillet à Longchamps34. Le défilé reçoit un accueil favorable de la part de la presse, néanmoins les nouveaux uniformes sont jugés par certains observateurs problématiques sur le plan de l'efficacité en temps de guerre35.
Alexandre Millerand, le successeur d'Adolphe Messimy au ministère de la Guerre à partir de janvier 1912, accueille bien le projet. Il décide ensuite malgré tout de ne pas l'adopter après la semi-déception déclenchée par les uniformes lors du défilé de Longchamps. Cependant les éléments principaux restent pris en compte : la large capote gris-bleu, source d'inspiration pour la future capote bleu horizon, et le casque, plus tard repris par Louis Adrian pour l'élaboration d'un nouveau casque portant son nom utilisé comme standard par l'armée française durant la Première Guerre mondiale.

300 €

Réf : 71374

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