Emile ZOLA
Lettre autographe signée adressée à une correspondante inconnue : "Le sieur Grimm de Buda-Pesth, est un simple voleur, qui fait traduire mes romans au fur et à mesure de leur publication dans les journaux français, sans autorisation aucune."
Bénodet (Finistère) 10 septembre 1883, 13,2x20,3cm, 2 pages sur un double feuillet.
Lettre autographe signée d'Emile Zola – apparemment inédite – adressée à une correspondante inconnue, rédigée à l'encre noire sur un double feuillet. Pliures inhérentes à l'envoi.
Intéressante lettre relatant la traduction des œuvres d'Emile Zola et les démêlés juridiques inhérents à leur diffusion clandestine.Cette missive est visiblement adressée à une correspondante envisagée pour la traduction allemande de
La Joie de vivre :
« Je vous prierai de me donner la réponse la plus prompte possible, au sujet de la traduction de La Joie de vivre ; car je reçois déjà des propositions d'Allemagne, et je voudrais savoir à quoi m'en tenir. » En cet automne 1883, Zola – pourtant en villégiature en Bretagne – est très pris par la gestion de la traduction de ses œuvres qu'il gère directement avec les éditeurs. On voit ici de l'acharnement avec lequel il mène les négociations :
« Je vous répète que je n'accepterai qu'une somme fixe et payée d'avance. C'est plus simple, et sans surprise possible. » Mais les choses ne sont pas simples et Zola, dont les œuvres connaissent déjà un fort succès, doit lutter contre l'édition clandestine de ses romans. Totalement éludés par les biographes, les démêlés avec l'éditeur hongrois Gustav Grimm sont pourtant un leitmotiv de la correspondance zolienne :
« Le sieur Grimm de Buda-Pesth, est un simple voleur, qui fait traduire mes romans au fur et à mesure de leur publication dans les journaux français, sans autorisation aucune. Déjà la Nouvelle Presse libre, de Vienne, lui a fait un procès en mon nom. Mais il paraît que nous n'avons pas de traité avec la Hongrie. J'attends la signature d'un traité, qu'on dit prochaine. » En effet, Grimm avait déjà fait publier sans l'autorisation de Zola les traductions en langue allemande de deux romans :
Nana (1881) et
Pot-Bouille (
Der häusliche Herd, 1882) Ces parutions illégales découragèrent les éditeurs allemands Curt Busch et George Kuhr qui, très intéressé par la diffusion du roman auprès des lecteurs germanophones, déclarèrent forfait. Gustav Grimm, qui consentit finalement à respecter les traités commerciaux, remporta la partie et fit paraître la toute première traduction allemande de
La Joie de vivre en 1889 sous le titre
Die Lebensfreude. Celui que Zola qualifie ici de
« simple voleur » obtiendra finalement l'autorisation de diffuser la traduction allemande de l'intégralité des vingt volumes des Rougon-Macquart entre 1892 et 1899.
Intéressante lettre révélant les rouages éditoriaux des Rougon-Macquart et témoignant de l'ardeur avec laquelle Zola mena les négociations inhérentes à la traduction de sa grande fresque héréditaire.
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Réf : 79106
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