George SAND
Lettre autographe signée adressée à Alphonse Peyrat
s.d. (mai 1868), 13,5x20,7cm, 2 pages sur un double feuillet.
Lettre autographe signée de George Sand adressée à Alphonse Peyrat, deux pages rédigées à l'encre noire sur un double feuillet. Pliures transversales inhérentes à l'envoi.
Intéressante lettre évoquant l'un de ses fidèles ami : Jean Patureau-Francoeur.
George Sand avait fait publier un long article nécrologique en hommage à ce proche dans L'Avenir national du 2 mai 1868. Elle y décrivait son défunt ami avec beaucoup de tendresse : « C'était un simple paysan, un vigneron des faubourgs de Châteauroux. Il avait appris tout seul à écrire, et il écrivait très remarquablement, avec ces naïves incorrections qui sont presque des grâces, dans un style rustique et spontané. [...] Ce petit homme robuste, à grosse tête ronde, au teint coloré, à l'œil bleu étincelant et doux, était doué d'une façon supérieure. Il voyait la nature, il l'observait, il l'aimait et il la savait. [...] Son existence parmi nous fut pénible, agitée, méritante. Naturellement un esprit aussi complet que le sien devait se passionner pour les idées de progrès et de civilisation. Il fut, avant la Révolution, le représentant populaire des aspirations de son milieu, et il travailla à les diriger vers un idéal de justice et d'humanité. [...] » En 1848, Patureau fut élu maire de Châteauroux et devint le porte-parole des ouvriers de sa commune. « Au moment du coup d'État, il fut poursuivi, mais il se cacha dans des familles amies et échappa à la police. George Sand obtint, difficilement, sa grâce, ce qui lui permit de regagner Châteauroux. Il fut arrêté en janvier 1858, à la suite de la loi de sûreté générale. « Il resta un mois au cachot sur la paille en plein hiver. Quand on le mit dans la voiture cellulaire qui le dirigeait vers l'Afrique, il était presque aveugle, et, depuis, il a toujours souffert cruellement des yeux » (George Sand).
En septembre 1858, à la suite d'une démarche de George Sand auprès de son ami Jérôme-Napoléon, le cousin de Napoléon III, il fut libéré mais resta soumis à surveillance. Il se fixa en Algérie, après avoir obtenu la permission de venir à Châteauroux pour vendre sa maison et sa vigne et pour y chercher sa famille. En Algérie, il vécut de son métier de vigneron, fit partie de la Société d'agriculture de Philippeville et écrivit un traité de viticulture. » (Maintron)
« A présent, je viens vous demander de me payer ce petit article le plus cher que vous pouvez et d'envoyer le prix directement à Joseph Patureau, rue de cluis n°7 à Châteauroux. Indre. Et cela, le plus tôt possible. » Joseph, fils de Jean Patureau « est un vigneron très pauvre, très honnête et très digne, qui n'a pas de quoi faire le voyage. » « Il faut que le fils aîné de Patureau [...] aille bien vite à Gastonville pour aider ses frères mineurs à régler leurs affaires de famille. Je lui ai fait accepter le prix de l'article sur son père, ce qui joint à quelques économies, lui permettra d'aller remplir son devoir et surveiller ses intérêts. »
Intéressant témoignage de la générosité et de l'indéfectible engagement de George Sand en faveur de la justice sociale.
[Deutsche Bezeichnung auf Anfrage]
1 200 €
Réf : 78482
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