Woodes ROGERS
Voyage autour du Monde, commencé en 1708 & fini en 1711 par le Capitaine Woodes Rogers
Chez la Veuve de Paul Marret, à Amsterdam 1716, in-12 (9,5x16,5cm), (10 p.) 415 pp. (29 p.) et (2 p.) 162 pp. (2 p.) 255 pp. (24 p.), 2 volumes reliés.
Edition originale de la traduction française de ce texte paru en anglais en 1712 sous le titre
A cruising voyage round the world. Elle est illustrée de 2 frontispices, de 14 planches gravées et 7 cartes dont 2 très grandes (Paraguay et Chili - terre ferme du Pérou et du Brésil et du Pays des Amazones) et une mappemonde.
Reliures de l'époque en plein veau jaspé brun, dos à cinq nerfs richement ornés, roulettes dorées sur les coupes, toutes tranches jaspées rouges. Quelques habiles restaurations à la reliure (coins, têtes et queues des mors).
Deux déchirures sans manque restaurées à la mappemonde.
Ex-libris à la plume "Sr Remy" en marge haute gauche de la page de titre du premier volume.
Le livre qui fit connaître au monde Alexander Selkirk, modèle du célébrissime Robinson Crusoé de Daniel De Foe.C'est à la demande du boucanier William Dampier et dans le contexte de la guerre de succession d'Espagne que le corsaire anglais Woodes Rogers entreprit son « Voyage autour du Monde » entre 1708 et 1711. L'ouvrage, rédigé au retour de cette grande aventure, relate les nombreuses difficultés rencontrées par la flottille : désertions et mutineries des équipages, épidémie de scorbut...
Il contient surtout la description du sauvetage d'Alexander Selkirk, un marin écossais abandonné sur l'île de Más a Tierra dans l'archipel Juan Fernández à plus de six cents kilomètres des côtes chiliennes. Après plusieurs campagnes décevantes à l'encontre des navires et des villes de l'empire espagnol en Amérique, son vaisseau fit escale sur cette île afin de ravitailler le navire en bois et en eau avant de regagner l'Angleterre. Selkirk fit remarquer que le vaisseau, qui avait subi de nombreux dommages, avait besoin d'un carénage au risque de sombrer. Le capitaine refusa et laissa l'Ecossais, qui ne voulait poursuivre la route, sur l'île déserte. Lorsque Selkirk prit conscience de l'absurdité et de l'extrémité de sa décision, il était trop tard et le bateau avait déjà levé l'ancre. Ironie du sort, le navire sombrera bien noyant la moitié de l'équipage. Quatre ans et quatre mois plus tard, le 2 février 1709, Rogers et son équipage abordent sur l'île et rencontrent cet « homme vêtu de peaux de chèvres, qui paraissait plus sauvage que ces animaux-là ». Une gravure, bien présente dans notre exemplaire, illustre cette rencontre fortuite : « Quoi qu'il en soit, abandonné sur cette île, avec ses habits, son lit, un fusil, une livre de poudre, des balles, du tabac, une hache, un couteau, un chaudron, une Bible, quelques livres de piété, ses instruments et ses livres de marine, il s'amusa et pourvut à ses besoins le mieux qu'il lui fut possible. Mais, durant les premiers huit mois, il eut beaucoup de peine à vaincre sa mélancolie et à surmonter l'horreur que lui causait une si affreuse solitude. Il fit deux cabanes [...] avec du bois de piment ; il les couvrit d'une espèce de jonc et les doubla de peaux de chèvres, qu'il tuait à mesure qu'il en avait besoin, pendant que sa poudre dura. [...] Il avait si bien oublié de parler, qu'il ne prononçait les mots qu'à demi, et que nous eûmes assez de peine à l'entendre. » Le Capitaine William Dampier, présent lors de l'abandon de Selkirk, encouragea Rogers à l'engager comme contremaitre et l'infortuné écossais rentra en Angleterre avec eux.
La relation de Rogers rencontra un vif succès auprès du public, essentiellement parce qu'elle contenait le récit du sauvetage de Selkirk.
Daniel De Foe, un proche ami de Rogers, s'empara de cette incroyable histoire, rallongeant le supplice du protagoniste de son histoire qu'il laisse vingt-huit ans sur une île déserte. Le roman, qui parut en 1719, fut un immense succès de librairie et demeure aujourd'hui encore l'une des grandes œuvres de la littérature mondiale.
2 500 €
Réf : 82466
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